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25 décembre 2008 4 25 /12 /décembre /2008 15:21
"Chercherais-je un autre Seigneur qu'Allah?"
Le chirk (association) et sa réfutation.






Par l'imam Fakhr al Din al-Razi
(543-606H)

Dans son "Mafatīh Al-Ghayb/Al-TafsīrAl-Kabīr"


قُلْ أَغَيْرَ ٱللَّهِ أَبْغِى رَبًّا وَهُوَ رَبُّ كُلِّ شَىْءٍ وَلَا تَكْسِبُ كُلُّ نَفْسٍ إِلَّا عَلَيْهَا وَلَا تَزِرُ وَازِرَةٌ وِزْرَ أُخْرَىٰ ثُمَّ إِلَىٰ رَبِّكُم مَّرْجِعُكُمْ فَيُنَبِّئُكُم بِمَا كُنتُمْ فِيهِ تَخْتَلِفُونَ
Dis : "Chercherais-je un autre Seigneur que Dieu, alors qu'Il est le Seigneur de toute chose ? Chacun n'acquiert [le mal] qu'à son détriment : personne ne portera le fardeau (responsabilité) d'autrui. Puis vers votre Seigneur sera votre retour et Il vous informera de ce en quoi vous divergez. (Coran 6:164)


Tu dois savoir que quand Allah, Exalté soit-il, a ordonné à Muhammad salallahu 'alaihi wa salam de proclamer la croyance pure de l'Unicité de Dieu, qui consiste à dire: . Dis : "En vérité, ma Salat, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent à Dieu, Seigneur de l'Univers." A Lui nul associé !" (6:162-163), Il lui a demandé de mentionner ce qui peut être une preuve de la validité de cette croyance. La base de cette parole est selon deux aspects: le premier est qu'il y a quatre types de gens qui associent des partenaires à Allah: les adorateurs d'idoles qui ont donné des associés à Allah, les adorateurs des astres qui ont donné des associés à Allah, et ceux qui croient en Yazdan et Ahriman à propos desquels Allah a dit: "et ils associèrent le Jinn avec Allah" (6:100), qui ont donné des associés à Allah, et ceux qui ont dit que le Messie est le fils d'Allah, et que les anges sont Ses filles, ont tous donné des associés à Allah.

Il y a des groupes de gens qui donnent des associés à Allah mais qui admettent tous qu'Allah est leur Créateur à tous. La raison de cela est que l'adorateur des idoles admet qu'Allah, gloire à Lui, est le Créateur des Cieux et de la Terre et de tout ce qui existe, et qu'Il est le Créateur à la fois des images sculptées et des idoles. Quant aux adorateurs des planètes, ils ont aussi accepté que Dieu est le Créateur des planètes, et Celui qui les a amené à l'existence. Et ceux qui croient en Yazdan et Ahriman, ils sont également d'accord que les démons ont été créés par Lui (Allah) et qu'Il en est le Créateur. Et ceux qui croient en le Messie et dans les anges, ils croient tout de même qu'Allah en est le créateur. Ce que nous venons de mentionner prouve que les factions des peuples qui donnent des associés à Allah convergent et agréent qu'Allah est le Créateur de ces associés.

Maintenant que tu sais cela, eh bien Allah, gloire à Lui, lui a dit: "O Muhammad! Dis: Quoi? Chercherais-je un autre Seigneur qu'Allah?" en dépit du fait que ceux qui ont pris comme leur seigneur d'autres qu'Allah ont accepté qu'Allah en est le créateur. Est-il logique de faire du serf un partenaire du Seigneur, du serviteur un partenaire de Dieu, du créé un partenaire du Créateur? Et comme ils l'ont pourtant fait, il a été prouvé par le biais de cette preuve que prendre un seigneur autre qu'Allah est une fausse affirmation et une croyance invalide.

Le second aspect dans l'établissement de cette parole est le suivant: tout ce qui existe est soit "nécessaire dans son essence" soit "contingent dans son essence". Il a été prouvé qu'il ne peut y avoir qu'Un seul "nécessaire dans son essence" et que tout le reste est "contingent dans son essence". Et il a également été admis que ce qui est "contingent dans son essence" ne peut exister sans que le "nécessaire dans son essence" ne le fasse exister ; et s'il en est ainsi, il est par là même prouvé que Allah, Exalté soit-Il, est le Seigneur de toute chose.
*

Si cela est clair, alors nous disons que le raisonnement implacable atteste qu'il n'est pas permit de faire du serf un associé du Seigneur, et du créé un associé du Créateur. C'est ce qui est signifié dans Sa parole: "Dis: Quoi? Chercherais-je un autre Seigneur qu'Allah? Et Il est le Seigneur de toutes choses". Puis, après qu'Il, Exalté soit-Il, ai prouvé la foi en l'Unicité par le moyen de cet preuve incontestable et décisive, Il a mis en lumière qu'il n'y avait nul blâme ni châtiment que n'échoirait au Prophète salallahu 'alaihi wa salam ou à ses Compagnons à cause de l'idolâtrie et de la mécréance de ces factions. Il a dit: "Chacun n'acquiert [le mal] qu'à son propre détriment", ce qui signifie que l'affront du fautif n'appartient qu'à lui et non aux autres, "nul porteur de fardeau ne portera le fardeau d'autrui", ce qui signifie qu'aucune âme pécheresse ne sera blâmée pour le pêché d'une autre. Puis Il, Exalté soit Il, nous montre que le retour de ces idolâtres se fera en un lieu où il n'y aura de façon claire nul dirigeant ni nul commandant si ce n'est l'autorité d'Allah, Exalté soit-Il, "Puis vers votre Seigneur sera votre retour et Il vous informera de ce en quoi vous divergez."


___________________________

* Note du traducteur: Cette démonstration est la base de la méthode sunnite pour appuyer par la raison ce qui a été révélé de l'Unicité d'Allah. Pour plus d'explication à ce sujet, voir une profession de foi sunnite comme: la 'aqida Sanussiyya ou l'épitre du Tawhid d'al-Bayjuri



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6 janvier 2008 7 06 /01 /janvier /2008 13:33


Seuls les savants craignent Allāh


Tafsir de l’Imām al-Qurṭubī
dans son Tafsīr, Al-Jāmi’ li Aḥkām al-Qur’ān
 



abunashaykh-in-masjid-nabi.jpg
ZZ269C3F6E.jpg innamā yakhsha Allāha min ‘ibādihi’l ulamā’u

Parmi Ses serviteurs, seuls les savants craignent [véritablement] Allāh
(Sourate al Fatir; verset 28)




Commentaire:

C’est a dire: les savants qui craignent Sa Puissance [absolue]. Quiconque réalise [par la Science] qu’Allāh est Omnipotent est par là même assuré qu’Il peut punir Son serviteur pour ses péchés, comme ‘Alī ibn Abū Ṭal’ḥah l’a rapporté de Ibn ‘Abbas qui disait concernant ce verset: Ceux qui savent qu’Allāh a la Puissance sur toute chose.

Rabī’ ibn Anas a dit: Celui qui ne crains pas Allah n’est pas un savant.

Mujāhid a dit: En vérité, le savant est celui qui craint Allah ‘azza wa jall.

 Il a été rapporté de Ibn Mas’ūd: C’est science suffisante que de craindre Allāh; et ignorance suffisante que d’être complaisant [envers les menaces d’Allāh].

On demanda à Sa’ad ibn Ibrāhīm: ‘Qui est le plus savant (afqah) parmi les gens de Madīnah?’ Il répondit: ‘Celui qui craint Allāh le plus.’

On rapporte que Mujāhid a dit: ‘En vérité, un sage, un savant (faqīh), c’est une personne qui craint Allāh.’

On rapporte que ‘Alī a dit: ‘Est un vrai savant (faqīh) celui qui ne fait pas désespérer les gens de la miséricorde d’Allāh, sans pour autant faire de concessions pour eux sur la désobéissance à leur Seigneur.  Celui qui ne les rassure pas contre le chatiment d’Allāh et qui n’a de penchant que pour le Qur’ān. Certes, il n’y a pas de bien dans une adoration qui n’est pas régie par la science; rien de profitable dans une science sans compréhension; et nulle utilité dans une récitation [du Qur’ān] qui n’est pas accompagnée de méditation [sur le sens de ses versets].’

 Dārimī rapporte d’Abū Muḥammad selon Mak’ḥūl: RasūlAllāh salallahu 'alaihi wa salam a dit: ‘La supériorité du savant sur l’adorateur (‘ābid) est comme ma supériorité sur les plus bas d’entre vous.’ Et il récita alors le verset: ‘Parmi Ses serviteurs, seuls les savants craignent [véritablement] Allāh’ C’est un ḥadīth mursal.

Dārimī a dit: Abu al-Nu’mān nous a rapporté de Ḥammād ibn Zayd selon Yazīd ibn Ḥāzim qui a dit: Mon oncle Jarīr ibn Zayd a dit qu’il a entendu Tubai’ rapporter de Ka’ab:

J’ai trouvé la description d’un peuple qui obtiennent la science mais pas pour agir en conséquence, qui atteignent la compréhension (yatafaqqahun) mais pas pour adorer [Allāh]; ils cherchent ce bas monde à travers les actes de l’Au Delà; ils se vêtent de peau de mouton mais leurs coeurs sont plus amères que la patience*  ; ils sont insouciants de Moi et ils cherchent à Me tromper, aussi les mettrais-Je dans des épreuves qui rendraient perplexe et perturbé même l’homme le plus patient.’
Tirmidhī rapporte ce hadith selon une chaine marfu’ du ḥadīth d’Abū Dardā’ comme nous l’avons écrit dans l’introduction à ce livre.

Zamakhsharī a dit: Si tu demandes quelle est la raison pour laquelle celà a été récité : innamā yakhsha Allāhu [avec raf’] min ‘ibādihi’l ulamā’a [avec naṣb] par ‘Umar ibn ‘Abdu’l ‘Azīz, et celà a également été attribué à Abū Ḥanīfah, je répondrais: ‘khashiyah’ est utilisée ici en guise de métaphore (isti’ārah); et celà signifie dans ce cas: ‘Il fait leurs louanges’ ou ‘les honore”, comme quelqu’un de sublime agit avec ceux qui sont frappés de terreur ou fascinés devant lui. Ainsi Il honore ceux qui ont la crainte parmi les hommes et augmente leur mérite.


note:

* Car la patience n’est certes pas aisée; et est sans aucun doute amère – d’où le proverbe utilisé ici.

Traduit du site:  www.marifah.net

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25 août 2007 6 25 /08 /août /2007 21:02

Une Explication de Surat al-‘Asr

temps.GIF
La sourate du Temps

par le Shaykh Tahir Mahmood Kiani

 

 

 

 

 


Se prémunir de la Perdition

 

La Surah Al-‘Asr, «Le Temps» est une courte surah qui nous offre un profond rappel.

 

Elle nous enseigne que à quel point l’homme s’expose à souffrir de la perte ultime s'il ne sait gérer son temps convenablement, et nous indique la manière dont il peut éviter toute perte en utilisant ce temps avec sagesse.

 

On y trouve recensés tous les éléments de la réussite de la vie individuelle et sociale.

 

L’Imam Al-Sahfi’i a, à très juste titre dit, que si les gens méditaient cette surah attentivement, cela seul suffirait pour leur guidée.

 

La Surah dit:

 

وَالْعَصْرِ

إِنَّ الْإِنسَانَ لَفِي خُسْرٍ

إِلَّا الَّذِينَ آمَنُوا وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ وَتَوَاصَوْا بِالْحَقِّ وَتَوَاصَوْا بِالصَّبْرِ

 

 

[Translittération phonétique]

 

  1. wal ‘aṣr(i);

  2. inna l-insāna la-fī khusr(in);

  3. illā l-ladhīna āmanu wa-‘amilu ṣ-ṣāliḥāti wa-tawāsaw bil-ḥaqqi wa-tawāsaw biṣ-abr(i).

 

 

[Traduction approximative]

 

  1. Par le Temps !

  2. L'homme est certes, en perdition,

  3. sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes oeuvres, s'enjoignent mutuellement [à diffuser] la vérité et s'enjoignent mutuellement l'endurance.

 

 

En d’autres termes :

 

La rapidité de l’écoulement du temps témoigne du fait que : tant qu’ils n’ont pas foi en l’Islam, ne l’adoptent pas comme mode de vie, n’accomplissent pas de bonnes œuvres, ne s’enjoignent pas mutuellement au Haqq (la Vérité et la Droiture), et ne s’encouragent pas à la persévérance et à l’endurance, les hommes courent à leur perte la plus totale.

 

 

Témoignage du temps

 

La Surah débute par une référence au Temps, introduite ici afin de démontrer à l’homme qu’il sera perdant s’il ne réalise pas la véritable valeur du temps qui lui est accordé.

 

L’importance liée au temps est non seulement mise en évidence par le fait qu’il soit cité dans le Noble Qur’an, ce qui en soit est fort significatif, mais également (et d’autant plus), par le fait que Le Créateur Exalté jure par lui, le prend à témoin d'un serment, l’explique, et lui consacre une surah éponyme entière.

 

Le temps est la plus précieuse des ressources que l’homme ait en sa possession et ceux qui en ont saisi la valeur véritable ont des expressions telles que : « Le temps c’est de l’argent » ou « Le temps est une richesse ».

 

Sa réserve est définie et limitée. La quantité maximale dont nous en disposions, est notre durée de vie, qui elle-même ne peut être connue de personne et dont la fin peut advenir à tout moment, que nous y soyons préparés ou non, à cause de sa nature imprévisible.

 

Le temps est une ressource non renouvelable : chaque instant éteint, l’est définitivement. Il ne peut être rattrapé, ni se répéter et on ne peut l’arrêter. Que nous l’utilisions à notre avantage ou non, il passe, et passe rapidement. Jette donc un œil à la trotteuse de ta montre, et voit comme chaque déplacement et chaque bruit de l’aiguille annonce le passage du temps déjà partit pour toujours... Et ce cliquettement de l'aiguille indiquant les secondes qui passent n’est qu’un piêtre indicateur de la vitesse avec laquelle s’écoule le temps. En l’espace d’une seule seconde, la lumière a parcouru cent quatre vingt six milles (186 000) miles, un ordinateur a exécuté un million d’instructions, la ville de Batley (et tout le reste sur la terre) s’est déplacé d’approximativement quatre cent vint neuf (429) mètres vers l’Est (du fait de la rotation de la terre sur son axe), et la BP a fait un beau bénéfice qui se compte en milliers. Maintenant imagine le mouvement d’un cortège ininterrompu de millième de secondes se déplaçant clairement sur la bande d’un télescripteur électronique. C’est à cette vitesse que nous allons vers la fin de notre temps: notre mort.

 

Il apparaît donc indéniable que notre succès repose sur une utilisation judicieuse, efficace, et bénéfique de notre temps. Plus une personne est doué à cela, plus il est un gagnant et un victorieux, alors qu'au contraire plus il est mauvais à l'utilisation de son temps, plus il est un perdant.

 

 

Le temps déjà écoulé est devenu de l'histoire, et l’histoire des nations est retenue et mémorisée afin d’y puiser leçons et enseignements. C’est à cette même fin que le Noble Qur’an nous rappelle, à maintes reprises, le sort des nations qui nous ont précédés. « N’avez-vous pas entendu parler de ces personnes? N’avez-vous pas entendu parler de celles-ci? N’avez-vous pas entendu parler des ‘Ad, des Thamud, du peuple de Saba, des Sumériens, des Minœns et de leurs semblables? »

 

Cette Surah présente le temps comme un élément qui, si on le médite bien, démontre que ceux qui n’utilisent pas convenablement leur temps limité mais si précieux sont d’énormes perdants. Si une personne devait rester à écouter le décompte de chaque seconde de sa montre comme le son de l'inéluctable, chaque tic et chaque tac lui donnerait des frissons dans le dos, si elle comprenait seulement qu’elle avait désormais moins de temps en sa possession pour oeuvrer dans le bien et d'en obtenir les récompenses qu’il y a quelque tic et tac plus tôt.

 

De ce point de vue, la position de l’homme en ce monde est comparable à celle d’un marchand de glace qui, se trouvant dans un climat torride, voit sa marchandise fondre au soleil. Aussi, le commerçant avisé vendra sa marchandise le plus rapidement possible, gagnant ainsi des profits, alors que le sot restera passif à regarder sa glace fondre et partir en ruine et perte.

 

La signification profonde et l’essence de la surat al-‘Asr, renvoie à la fois à la nature fuyante temps (la vitesse avec laquelle il passe) et au temps passé qui est devenu de l’histoire.

 

L’aspect historique du temps nous met face à l’évidence que Allah traite toujours les communautés selon leur comportement collectif. Ont prospéré les nations qui ont accomplis des oeuvres pies et qui ont agis avec honnêteté et droiture, mais ont échoués celles qui étaient mauvaises, injustes et corrompues (cad. qui n’ont pas évolué en conformité avec la Voie, l’Ordre d’Allah). C’est en raison de leur comportement « non-Islamique », que ces sociétés ont perdu leur paix et leur ordre, et se sont alors affaiblies, sont tombées en ruines, ou furent envahies par les autres. A maintes reprises, après s’être vu accordé un délai imparti ils étaient puni et détruits. Ils sont pour nous un rappel dont le temps, lui-même, témoigne.

 

La nature fuyante du temps nous rappelle que nous sommes sur cette terre pour être testés durant une période définie qui s’écoule rapidement. Nous pouvons trouver une illustration de notre propos dans les salles d’examen des écoles, et les halls des universités et autres centres d’étude, où le temps, comme cela est clairement annoncé, est une partie de l’examen ou du test en lui même.

 

Pour réussir le test, nous devons vivre notre vie de la manière dont notre Seigneur, Le Créateur, veut que nous vivions. Chaque instant passé en dehors de l’obéissance à Allah est une opportunité perdue à jamais et ceux qui persistent à gacher l'opportunité de consacrer leurs instants à la droiture, la piété et la vertu, sont ceux qui sont «certes en perdition». De ce point de vue, nous sommes comme les étudiants durant leur épreuve écrite. Le temps non consacré à se focaliser sur les questions de l'épreuve est un temps gaché qui aura pour conséquence la perte de points et une mauvaise note. Notre situation est d’ailleurs bien plus délicate encore, car nous ignorons même à quel moment notre mort peut mettre un terme à l’examen de notre vie. Nous ne pourrons jamais avoir la possibilité de rattraper le temps perdu dans l’oubli.

 

Le fugacité du temps souligne également un autre aspect. Durant ce bref passage sur terre, le sage endure les désagréments éphémères de vivre conformément aux Commandements d’Allah s’assurant ainsi de grandes récompenses pour l’éternelle vie de l’Au-Delà. Le perdant quant à lui, sombre pour la satisfaction instantanée et transitoire, se privant par la même de la promesse du succès éternel.

 

 

 

Les moyens du Salut

 

La surah al-‘Asr insiste donc principalement sur quatre éléments-clés du succès qui sont : l’Iman (la foi), l’accomplissement d’œuvres pies et durables, la lutte commune pour la Vérité et l’encouragement mutuel à la patience et à l’endurance.

 

De cette courte Surah nous apprenons donc que pour éviter d’être perdants, nous devons :

 

  1. Investir notre temps dans la poursuite d’objectifs et selon une manière conformes à notre foi en l’Islam comme véritable mode de vie ;

 

  1. Accomplir des actes positifs, durables et visant à atteindre l’excellence spirituelle et morale, ainsi que des actes menant à l’amélioration et à l’essor de la société, comme nous y exhortent le Qur’an et la Sunna ;

 

  1. S’efforcer et lutter ensemble pour la Cause de la Vérité et pour la promotion du Haqq – ce qui inclut la foi en l’Islam, les bonnes actions ainsi que l’équité, la justice et la vérité; et s’encourager mutuellement à respecter et accomplir nos obligations et responsabilités; et enfin

 

  1. Rester constants et patients dans l’accomplissent des trois éléments précédents et s’encourager mutuellement à cette fin.

 

Ces quatre facteurs sont primordiaux pour notre réussite et sont intimement liés et interdépendants. La foi véritable se manifeste au travers des actions d’un individu ayant fait des bonnes actions son mode de vie ; et une personne qui aime sa foi et son mode de vie, les promeut tous deux dans la société, désireuse qu’elle est de les voir appréciés et adoptés, et avec espoir de voir les gens se dresser et œuvrer avec rigueur et persévérance pour pour eux.

 

Tout cela est un tout et doit être considéré ainsi pour le succès et le salut. Le temps et les ressources dont chacun dispose doivent également être dépensés en vue de créer un environnement et une dynamique pour la promotion du Haqq et de la persévérance, ainsi qu'à l'espoir de la réussite grace à Allah sur la base de la foi et des bonnes œuvres. Si le chemin de la réussite commence avec la foi, il doit nécessairement se poursuivre en remplissant les trois autres conditions de manière simultanée. Nous ne pouvons attendre de maitriser l'une d'elles avant de passer à une autre, mais nous devons chercher à nous accomplir dans chacune d'entre elles en même temps, et donc, pour ainsi dire, de pratiquer la piété, promouvoir la Vérité, appeler à la patience, et s’enjoindre mutuellement à le faire. C’est alors seulement que nous pourrons éviter notre perte et gagner le salut.

 

 

Traduit du site : www.marifah.net

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1 octobre 2006 7 01 /10 /octobre /2006 14:32
Tafsir de
la Surat al Fatiha

Par Abdel-Karim al Quchayri
(Mort en 465 de l'Hégire)
Extrait de son Tafsir du Qur'an "Lata'if al-Isharat"

 

'Abd al-Karim ibn Hawazin al-Qushayri (m. 465H/1074CE) est né près de Nishapur dans la région du Khurasan de ce qui est de nos jours l'Iran. Il a reçu une éducation islamique complête de l'époque, apprenant par coeur le Qur'an, étudiant la loi islamique (fiqh) et la théologie Ash'arite, et devint un disciple du mystique Abu 'Ali ad-Daqqaq (m. 378/988) ainsi que de Sulami (m.412/1021). Le traité de Qushayri est devenu si populaire que l'on s'y réfère tout simplement comme "le traité de qushairi'. C'est peut-être l'oeuvre classique la plus populaire sur le Sufisme (mystique musulmane), admiré pour sa subtilité, son acuité, et sa clarté.






[1] Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.

[2] Louange à Allah, Seigneur de l'univers.

[3] Le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux,

[4] Maître du Jour de la rétribution.

[5] C'est Toi (Seul) que nous adorons, et c'est Toi (Seul) dont nous implorons secours.

[6] Guide-nous dans le droit chemin,

[7] le chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés.











La sourate Al Fatiha a été appelée la Matrice du livre (Ummul Kitab). Or la matrice de toute chose c'est son origine et son fondement, et l'Imam (le guide) de toutes les choses, c'est ce qui vient en premier. Et comme cette Sourate renferme des injonctions relatives à la servitude de l'homme (al Ubûdiyya), de l'éloge de Dieu en vertu de la Majesté de Sa Seigneurie, en plus de Sa perfection quant aux vertus, les obligations légales ne se valident que par Elle.



De même, la parole divine, que rapporte le Prophète - que Dieu lui accorde la grâce et la Paix -: «J'ai partagé la prière entre Moi et Mon serviteur en deux moitiés », signifie qu'il s'agit de la récitation de cette Sourate qui est devenue aussi la matrice (ou Mère) du Livre et une assise sur laquelle se fondent les prodigues les plus subtils et les merveilles en matière de rapprochement de Dieu et de Son Agrément.


Commençons par l'exégèse de Sa parole : Bismillâhi al rahmân al rahîm «Au Nom de Dieu, Le Très Miséricordieux, Le Tout Miséricordieux ».


La lettre "ba", de la formule Bismillâh (au Nom de Dieu), est une particule d'implication qui signifie ceci : C'est par Dieu que les êtres contingents se sont manifestés et c'est par Lui que les créatures sont venues à l'être pour devenir existantes. Ainsi, il n'y a aucun être contingent et créé, aucun être qui advient et qui est ordonné, qu'il s'agisse des essences concrètes, des effets, des poussières, des varia-
dons, des pierres, de la terre, des étoiles, des arbres, des traces, des vestiges, des idées, des sensations, des dispositions de sagesse ou des causes dont l'existence n'est pas due à Dieu, dont Dieu n'est pas Le Roi, dont le commencement n'advient pas de Dieu et dont le retour n'aboutit pas à Dieu. C'est par Dieu que trouve celui qui affirme l'unicité divine. C'est par Dieu que nie celui qui mécroit. C'est par Dieu que celui qui Le reconnaît est devenu connaissant et c'est par Lui qu'est ravalé celui qui a commis des forfaits. Car Dieu a dit Bismillâhi (Au Nom de Dieu) et n'a pas dit billâh (Par Dieu) pour qu'on recherche les bénédictions en mentionnant Son Nom, comme le suggèrent certains exégètes, et pour bien marquer la différenciation entre le Bismillâhi (au Nom de Dieu) et le serment billâh (par Dieu) selon d'autres (ndt: le ba correspond dans nôtre traduction à "AU" dans "au Nom de Dieu").


Il reste que pour les savants que le nom, c'est le nommé, tandis que pour ceux qui possèdent la connaissance spirituelle, il s'agit d'arracher les secrets aux entraves et de purifier les coeurs des attaches pour que l'affection, accompagnant l'articulation du Nom Allah, touche un coeur purifié et un secret intime transparent. L'évocation de ce Verset (c'est-à-dire Bismillâhi al rahmân al rahîm Au Nom de Dieu le très Miséricordieux, le tout Miséricordieux) rappelle à d'autres que le ba symbolise Sa bonté (birr) envers Ses Amis, que le sin indique Son secret (sirr) avec Ses Élus et le mim représente Sa faveur (mann) pour ceux qui ont mérité Son amitié afin qu'ils sachent que par Sa bonté, ils ont connu Son secret, par Sa faveur pour eux ils ont préservé Son commandement et par Lui - qu'Il soit exalté -ils ont su Sa véritable valeur.


D'autres, en entendant Bismillâh, se rappellent que le ba constitue une exemption de Dieu, - qu'Il soit exalté - contre tout méfait, que sin indique que Dieu - que Sa toute Puissance soit magnifiée - est prémuni contre tout déficience ou imperfection et que le mim représente Sa gloire - qu'Il soit exalté et magnifié - en vertu de la magnificence de Sa qualification.


D'autres encore se rappellent, en évoquant le ba, Sa beauté éclatante, en évoquant le sin, Sa magnificence éblouissante et en évoquant, le mim, Son mulk (royaume).


Médite donc attentivement sur tout cela car il te sera utile si Dieu le veut.

* * *

 

S'agissant de Sa parole - qu'Il soit exalté et magnifié - : Al hamdu lillâhi « louange à Dieu »,


Sache que la réalité de la louange consiste à magnifier Celui qui est loué en mentionnant Ses attributs Sublimes et Ses actes magnifiques, le lâm qui précède le nom de Dieu (ndt: Ce qui correspond à la particule li dans la transcription du mot arabe lillâhi), indique l'absorption dans le genre dans sa totalité. Aussi, toutes les louanges adressées à Dieu, qu'il soit glorifié, sont faites soit en vertu de la qualification, soit en vertu de la créativité. Ainsi, louange à Lui en vertu de la manifestation de Sa Toute Puissance, que la grâce Lui soit rendue en vertu de la profusion de Ses bienfaits, louange à Dieu en vertu du droit qui Lui revient de par Sa Majesté et Sa Beauté et que la grâce soit rendue à Dieu en vertu de l'ampleur de Ses faveurs et de la singularité de Sa sagesse.


En somme, Sa propre louange de Lui-même, qu'il soit glorifié, relève des Attributs de Sa perfection, et de Sa Toute Puissance et de Sa Majesté et Sa Beauté sont dictées par le fait qu'Il mérite les Attributs de la grandeur et de l'élévation, et cette louange répond aux qualifications de Puissance et de Majesté. De ce fait, à Lui appartient l'existence éternelle, à Lui appartiennent l'affirmation inébranlable de l'unicité, l'Être éternel, l'existence perpétuelle, la Splendeur intemporelle et l'éloge ininterrompu. A Lui appartiennent l'ouïe et la vue, le décret et les arrêts, la parole et le discours, la puissance et la magnificence, la miséricorde et la générosité, le pouvoir et la majesté.



Il est l'Unique, le Très Haut. Son orgueil est Son manteau, Sa grandeur est Sa magnificence, Sa gloire est Sa Toute Puissance, Son Etre est Son Essence, Sa pérennité est Sa perpétuité Son éternité est Son intemporalité, Sa permanence est Sa surexistance, Son décret est Son arrêt, Son interdit est Son ordre, Son courroux est Sa miséricorde, Sa volonté est Son bon vouloir et Il est le Roi de par Sa domination contraignante et l'Unique dans Son Royaume. Béni soit Dieu le Glorieux !


Sache que les louangeurs (al hâmmidun), qui sont ceux qui pratiquent la louange, se répartissent en plusieurs groupes. Nous citerons ici deux d'entre eux :


  • Il y a, d'une part, le groupe de ceux qui L'ont loué en raison de ce qu'ils ont obtenu de Sa générosité, de Sa sagesse, de Sa protection, de Ses faveurs, de Sa préservation, de Sa bienfaisance et en raison de ce qu'ils ont retenu de Sa bienfaisance et de ce qu'ils ont connu de Sa largesse. Dieu, que Sa mention soit exaltée ; dit : «Si vous comptiez les Bienfaits d'Allah, vous ne sauriez les dénombrer » (Coran, Sourate Ibrahim /Verset 34).


  • Il y a d'autre part le groupe de ceux qui L'ont loué en vertu de ce qui est apparu à leurs coeurs, des merveilles de Ses Dons subtils, de ce qu'Il a enfoui dans leurs intérieur comme secrets se rapportant à Sa bienveillance et de ce qu'Il a dévoilé à leurs secrets intimes comme mystères propres.

Médite donc sur les particularités de chaque groupe et distingue nettement celui qui Le loue en vertu de Sa puissance et de Sa majesté de celui qui Lui rend grâce en vertu de l'existence de Sa bienfaisance.

 

* * *

 

 S'agissant de Sa parole que Sa mention soit exalté : Rabbi al 'alamina «le Seigneur des mondes »,


Sache qu'al rab (le Seigneur) est le maître et que le vocable al `âlamîna signifie toutes les créatures. D'ailleurs ce pluriel propre au vocable 'âlamina vient du fait que ce dernier englobe les êtres intelligents et tout ce qui est inanimé. Ainsi, Dieu, qu'Il soit Glorifié, est le Maître de toutes les essences concrètes et leur Créateur. Il est aussi Celui qui a existencié les formes et les demeures avec tout ce quelles renferment.


Le nom al rab (le Seigneur) s'applique également à l'éducation des créatures. En effet, Dieu, qu'Il soit Exalté et Glorifié, est Celui qui éduque l'âme des dévots en leur accordant la réussite. Il est Celui qui éduque les coeurs des aspirants en leur accordant la rectitude. Il est Celui qui éduque les esprits des hommes qui possèdent la Connaissance spirituelle en leur inculquant le tawhîd (l'unicité divine). Il est Celui qui élève les formes en vertu de l'existence de ses bienfaits, et Il est celui qui élève les esprits en vertu de la vision de la libéralité.

* * *

 

Pour ce qui est de Sa parole, que Sa mention soit exaltée : Al rahmân al rahîm «Le Tout Miséricordieux; Le Très Miséricordieux »,

Il s'agit de deux noms dérivés de la miséricorde. Or la miséricorde est un attribut éternel qui indique la volonté d'accorder les bienfaits. Il faut dire que ces deux noms ont été employés pour indiquer le caractère augmentatif sans distinction entre eux à ce niveau. On a dit aussi que le nom al rahmân (Le Tout Miséricordieux) indique un effet plus intensif et plus performant sur le plan de l'information. C'est pourquoi ce nom, ne s'applique qu'a Dieu qu'il soit glorifié, tandis que le nom al rahîm (Le Très Miséricordieux) s'applique à autrui, comme dans cette Parole Divine « Il (le Prophète) est bienveillant et miséricordieux envers les croyants ». (Coran, 9/128).


En vertu de cette distinction on a dit que al rahmân est spécifique comme nom et connu en tant que signifiant et que al rahîm est connu en tant que nom, spécifique en tant que signifiant. Aussi Il est al rahmân parce qu'Il accorde à tous ce qui rend aisé la manifestation de leur être, et Il est al rahim parce qu'Il procure aux croyants ce qui est nécessaire pour leur vie intérieure. En somme, Il est al rahmân parce qu'Il apaise et Il est al rahîm parce qu'Il procure des signes. Car l'apaisement s'effectue au moyen de la bonté et la procuration des signes l'octroi au moyen des lumières.


Médite donc ce que le poète a dit à ce sujet :




Al rahmân (le Tout-Miséricordieux ) du fait du dévoilement de Son épiphanie.

Al rahîm (Le Très-Miséricordieux ) du fait de la bienveillance de Sa protection.

Al rahmân par la foi qu'Il a procurée.

Al rahîm par la connaissance qu'Il a octroyée.

Al rahmân par le pardon qu'Il a accordé.

Al rahîm pour l'agrément qu'Il a dispensé.

 

* * *

S'agissant de Sa parole, que Sa mention soit exaltée : Mâliki yawmi al dîn : «le Roi du jour du jugement ».

Al malik est celui qui détient la royauté. Or le royaume de Dieu, qu'Il soit glorifié et exalté, c'est Son pouvoir de créer et d'inventer. Ainsi il n'y a pas d'être capable de créer que Lui. En somme. Il est l'Unique dans Sa divinité. Il est Le seul dans Son royaume. Car Il est le Maître de l'âme des adorateurs qu'Il a préposés à Son service. Il est le Maître des coeurs des hommes possédant la connaissance spirituelle qu'Il honore de Sa connaissance. Glorieux et exalté soit-Il car par Sa bienfaisance, Il S'est emparé des coeurs des adorateurs qui, de ce fait, convoitent Ses dons. Par Son pouvoir de ravir les coeurs des muwahhidin (ceux qui affirment l'Unicité Divine). Il rend ceux-ci contents de Sa pérennité.


Comme Il a fait connaître aux adeptes du tawhîd (l'affirmation de l'unicité divine ) qu'Il est leur Maître, ceux ci n'avaient plus le choix. Ils ont su que le serviteur n'a aucune possession. Or celui qui n'a pas de possession n'a aucun pouvoir. C'est que le pouvoir n'appartient qu'a Dieu. Or celui qui n'a pas de pouvoir n'a aucun choix. Ainsi, ils ne peuvent ni se détourner de Son obéissance, ni opposer d'objection à Son pouvoir, ni contester Son libre arbitre, ni oser affronter Son opposition.


Quant au yawm al dîn (le jour du jugement), c'est le jour de la rétribution et de la Résurrection. C'est aussi le jour de la reddition des comptes et du rassemblement. Ce jour là, Dieu, qu'Il soit glorifié et exalté, rétribuera chacun comme Il voudra.


Au Jour du Rassemblement, il y aura ceux qui seront agréés en vertu de la Grâce de Dieu, qu'Il soit glorifié, non grâce à de leurs actes et de leursoeuvres. Il y aura ceux qui seront refoulés en vertu de Son jugement, qu'Il soit glorifié et exalté, non à cause de leurs forfaits.


Quant aux ennemis, Il leur demandera des comptes puis les châtiera.


S'agissant des Amis (les Saints), Il leur fera des reproches puis les rapprochera.


Comme le dit le poète :

Des gens qui, s'ils s'emparent de nous.


Ils nous accorderont généreusement notre affranchissement.
 
 
* * *
 
 S'agissant de Sa Parole : Iyyâka na`budu wa iyâka nast‘in. «C'est Toi que nous adorons. C'est de Toi que nous implorons l'assistance »,

Elle signifie que nous T'adorons et nous demandons Ton aide. Du reste, le fait de commencer par la mention de Celui qui est adoré, est plus parfait que de débuter par l'énoncé de Son Attribut d'être adoré et d'être un recours pour procurer l'assistance ; c'est-à-dire que cette formulation est plus adéquate sur le plan de la signification et plus agréable à entendre.


Sache aussi que l'adoration consiste à apporter le maximum de ce qui relève de Son champ sémantique en matière de soumission. Autrement dit, cela consiste à se conformer à l'Ordre Divin et à observer scrupuleusement les interdits de la loi religieuse. D'ailleurs, l'adoration indique l'accomplissement de l'effort et la connaissance, tandis que l'imploration de l'assistance (al isti'anat) est une quête pour demander l'aide de Dieu, indiquant ainsi qu'il s'agit d'un moyen de s'attirer la générosité et les faveurs.


Ainsi, grâce à l'adoration, la noblesse du serviteur devient manifeste, et grâce à la demande d'assistance, la bienveillance en faveur du serviteur devient effective. Autrement dit, comme c'est dans l'adoration que réside sa noblesse, la demande d'assistance constitue une assurance contre sa perdition.


Sache également qu'en apparence, l'adoration est une forme d'abaissement mais en réalité, elle constitue une marque de gloire et de dignité. Car l'adoration est une promenade pour les itinérants, un lieu de délassement pour les aspirants, et elle constitue la prunelle de leurs veux qui apporte la joie à leurs coeurs. C'est à cela que fait allusion du Prophète - que Dieu lui accorde la Grâce et la Paix - quand il a dit : «détends-nous par la prière, ô Bilal ».


La demande d'assistance, constitue une vénération des marques de Sa générosité, une descente dans le havre de libéralité et elle représente ta soumission au pouvoir de Son arrêt ; tu te diriges ainsi vers Lui avec un immense espoir, tu accélères les pas vers Lui, tu mets en Lui une grande espérance et tu te montres tout à fait confiant dans Sa générosité éternelle.
 
* * *
 
S'agissant de Sa parole, que Sa mention soit exaltée, « ihdinâ al sirâta al mustaqîma» (guide-nous dans le droit chemin) :


Al hidâyat (du verbe hadâ); c'est la guidance dans la bonne voie, et al mahdi (le guidé) est celui qui connaît Dieu, qu'Il soit glorifié et exalté. Celui qui préfère Son agrément (à tout) et qui croit en Lui.
D'ailleurs l'impératif dans ce Verset munificent est implicite. Il signifie ceci guide-nous par nous-mêmes, c'est-à-dire institue en nous le moyen par lequel nous nous guiderons vers Toi Quant à la signification de la demande qu'on adresse à Dieu qu'Il soit glorifié et exalté pour qu'on soit guidé, elle connote la recherche de la constance et du surplus.



Pour ce qui est du sirata al mustaqîm (le droit chemin), c'est la voie de la vérité, celle qu'empruntent les adeptes du tawhîd (affirmation de l'unicité de Dieu). Seigneur ! Dirige-nous vers Toi. Sois notre guide ! Rends-nous aisé notre cheminement. Raffermis pour nous nos énergies spirituelles et nos ambitions ! Concentre nos soucis sur Toi et illumine nos coeurs par les premières lueurs de lumière !.


Sache également que al sirat al mustaqîm (le chemin droit) est ce qui est attesté et confirmé par le Livre révélé et la sunna. L'hérésie (al bid'a) ne peut avoir aucun pouvoir sur lui, ni aucun accès à Lui. Car il conduit celui qui le recherche au havre du tawhîd et fait voir, à celui qui s'y engage, les effets de la providence et de la générosité pour qu'il ne croie pas qu'il est tenu par l'accomplissement de l'effort.



En effet, le Prophète que Dieu lui accorde la Grâce et la Paix a dit : « Aucun de vous ne sera sauvé par son oeuvre ! Les gens présents se sont demandés Même pas Toi, O Envoyé de Dieu ! Il a dit : Même pas moi, sauf si Dieu me comble de Sa Miséricorde ».
 
* * *
 
S'agissant de Sa Parole que Sa mention soit exaltée, « sirâta alladhîna an'amta `alayhim » (la voie de ceux que Tu as comblés par Ta guidance en les dirigeant vers le chemin droit) :


Ce sont les Saints et les élus, ceux qui ont observé les droits de Dieu, qu'il Soit exalté au point qu'ils se sont affranchis des machinations de Satan, des aberrations de l'âme et des illusions des opinions.


On a dit aussi, c'est la voie de ceux que Tu as comblés par la contemplation et la recherche de Ton aide par le fait qu'ils se sont lavé les mains de leur propre force et de leur propre puissance, par la vision de leur part du bonheur qui a été décrétée en leur faveur depuis l'éternité et par la connaissance de Ton tawhîd à propos de ce que Tu décrètes comme joies et peines.


On a dit également, c'est la voie de ceux que Tu as comblés par l'observance des bonnes règles de la loi religieuse et de ses dispositions pour qu'ils ne transgressent pas les limites de la science et ne négligent rien des prescriptions de la loi religieuse.


S'agissant de Sa parole, que Sa mention Soit exaltée ; « ghayri al maghdhoubi 'alayhim wa lâal dhâllîn » (non de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés):


Ceux qui ont encouru la Colère divine (al maghdhoubi alayhîm), ce sont qui ont été frappés de l'humiliation et de l'ignominie et qui ont été touchés par les méfaits de la perdition. De ce fait, ils se sont préoccupés essentiellement de s'attirer leur part du bas monde, ce qui constitue en réalité la marque de leur malheur, car ils s'imaginent qu'ils suivent quelque chose de sûr. Or il faut savoir qu'il y a un secret divin dans leur malheur.


On a dit aussi ghayri al maghdhoubi alayhim (ceux qui ont encouru Sa colère) parce qu'ils ont oublié la réussite qui vient de Dieu et qu'ils ont fait semblant de ne pas voir le soutien divin (en leur faveur).




Wa lâ al dhâllîn (ni des égarés), c'est-à-dire ceux qui se sont égarés par rapport à la contemplation de ce qui a été décrété pour eux depuis l'éternité et de l'accomplissement des plans et des arrêts divins.


Cela dit, il y a un intérêt subtil sur lequel il convient ici d'attirer l'attention : le serviteur dit'âmîn (Amen) au terme de la récitation de cette Sourate al Fatiha. Or il faut savoir que la formule du ta'mîn (le fait de dire 'âmin) est une sunna.



En effet, le ta'mîn signifie ceci : " Ô Seigneur ! Réponds à nos invocations !"



C'est comme s'il implique, à travers cette formulation, la réussite des oeuvres et la réalisation des espérances. Ainsi, le serviteur met son pied dans le terrain de l'indulgence, s'adresse confidentiellement à la Présence de la Munificence avec une langue de supplication et d'imploration et se lave les mains totalement devant la Présence de la libéralité de toute force propre, de tout rappel de pouvoir propre et de toute capacité propre. C'est le plus fort moyen pour le serviteur qui aspire à la pauvreté spirituelle, c'est de s'accrocher à la pérennité de l'imploration de l'assistance divine pour avoir réalisé pleinement l'assentiment à l'appel au secours Divin.




Wa Allahu 'alam

(source: Les secrets des 5 pilliers de l'Islam aux editions Iqra)

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27 mai 2006 6 27 /05 /mai /2006 23:15
Commentaire du
"Verset du Siège"


par Ibn Kathir


(cliquez sur le verset en arabe pour écouter la récitation)



Allah! Point de divinité à part Lui, le Vivant, Celui qui subsiste par lui-même "Al-Qayyoûm". Ni somnolence ni sommeil ne Le saisissent. A Lui appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Qui peut intercéder auprès de Lui sans Sa permission? Il connaît leur passé et leur futur. Et, de Sa science, ils n'embrassent que ce qu'Il veut. Son Siège "Koursî", déborde les cieux et la terre, dont la garde ne Lui coûte aucune peine. Et Il est le Très Haut, le Très Grand.
(Sourate 2 al Baqara verset 255)





Ce verset, d'une très grande importance, est appelé verset du Siège (Ayat ul Kursi).

L'Envoyé le qualifie de meilleur verset dans le Coran.

Ubay b. Ka`b rapporte qu'il a été interrogé par l'Envoyé sur ce verset, et qu'à son ignorance, il a eu cette réponse : «C'est le verset du Siège. »

De nombreux hadiths ont été rapportés sur le mérite et sur la place de ce signe divin dans le Coran. En voici quelques uns:

1) A la question d'Abu Dhar :« O Envoyé de Dieu, de ce qui est descendu sur toi, qu'est-ce qui est le plus grandiose ? »,le Prophète a dit :« Le verset du Siège : Dieu : il n'est de dieu que Lui, le Vivant, l'Agent suprême. »

2) Il est rapporté d'Abu Hurayra que l'Envoyé a dit : «La sourate dela Vache contient un verset qui est le maître de tous les versets du Coran. A sa récitation dans toute demeure, tout satan qui s'y trouve en sortira. C'est le verset du Siège. »

3) Ibn Mas`ûd rapporte qu'il a entendu l'Envoyé dire: «Le plus grandiose verset dans le Coran est Dieu il n'est de dieu que Lui, le Vivant, l'Agent suprême »

4) On rapporte qu'à propos des deux versets Dieu : il n'est de dieu que Lui, le Vivant, l'Agent suprême et Alîf Lâm Mîm— Dieu : il n'est de dieu que Lui le Vivant, l'Agent suprême Asmâ' fille de Yazîd a entendu l'Envoyé dire : «ils contiennent tous deux le nom grandiose de Dieu. »



Le seg. Dieu : il n'est de dieu que Lui, le Vivant, l'Agent suprême :

Dieu est seul à posséder l'attribut de divinité, Il est éternellement vivant et Il est l'Acteur de toute chose et pour tout le monde. Toutes Ses créatures ont besoin de Lui, sans que Lui ait besoin de quelqu'un.




Le seg.: Dieu Somnolence ne Le prend , non plus que sommeil:

Il n'a ni faiblesse ni défaut, puisque Son regard surveille constamment toute âme, toute action, tout geste, toute chose. Rien ne peut échapper à Lui. L'Envoyé , rapporte-t-on, a dit : «Dieu ne dort pas et il ne Lui convient pas de dormir ; Il abaisse l'équité et Il la remonte ; les actions du jour, on les Lui fait monter avant les actions de la nuit comme les actions de la nuit: on les Lui fait monter avant les actions du jour ; Son voile est de lumière (— ou de feu). S'Il le découvrait, alors la splendeur de Sa face brûlerait autant de Ses créatures atteintes par Son regard. »

Ibn Abbâs a dit : Les Fils d'Israël dirent à Moïse : «Moïse, ton Maître dort-il ? » Mais Moïse leur rétorqua : «Prémunissez-vous envers Dieu ! » Après quoi son Maître l'appela : «Moïse, ils t'ont interrogé si ton Maître dormait. Prends donc deux bouteilles dans ta main et veille cette nuit. » Moïse obéit. Au terme du premier tiers de la nuit, il somnola, vacilla sur ses genoux mais reprit ses esprits... A la fin de la nuit, il somnola complètement si bien que les deux bouteilles tombèrent de ses mains et se brisèrent. Alors le Transcendant lui dit : « Moïse, si J'étais un dormeur, les cieux et la terre seraient déjà anéantis comme les deux bouteilles qui viennent de s'anéantir dans tes mains. » Dieu, le Puissant, le Transcendant a donc fait descendre sur Son Prophète le verset du Siège...




Le seg. A Lui appartient ce qu'il y a dans les cieux et sur la terre :

tous les hommes sont Sa possession, dans Son royaume, donc soumis à Son pouvoir Quiconque est aux cieux et sur la terre vient au Tout miséricorde en adorateur.




Le seg. Qui oserait intercéder auprès de Lui, si ce n'est sur Sa permission

est synonyme de : Combien d'anges au ciel de qui l'intercession à rien ne servira, sauf que Dieu l'autorise pour qui II veut et qu'Il agrée ? ; ils n'intercèdent que pour celui qu'Il agrée. Ce qui est une preuve de Sa grandeur et de Sa transcendance. Dans le hadith de l'Intercession, l'Envoyé dit : «J'arriverai sous le Trône et je me jetterai dans une prosternation. Il me laissera ainsi le temps qu'Il voudra me laisser. Après quoi On dira : Relève ta tête et parle : tu seras écouté ; intercède : tu intercéderas. Alors Il me déterminera une limite, et ainsi je les ferai entrer au Jardin. »




Le seg. Lui qui sait ce qu'ils ont à portée de leurs mains et derrière eux

est une preuve de Sa connaissance illimitée sur le passé, le présent et le devenir de Ses créatures. Dans un autre verset, pour informer sur les anges : Nous n'assumons descente que sur l'ordre de ton Maître. A Lui nos instances et nos suites et ce qu'il y a dans l'entre-deux. Ton Maître n'est pas oublieux.




Le seg. alors qu'eux n'embrassent même pas une partie de Sa connaissance, excepté ce qu'Il veut

les humains ont des connaissances limitées qui sont régies en définitive par Lui. Cette parole divine peut présupposer que les hommes ne peuvent accéder à la connaissance de Son être et de Ses attributs que si Lui le veut bien.





Le seg. Son siège (Kursi) s'étend aux cieux et à la terre

fait rapporter ces avis: Ibn Abbâs dit que c'est Sa connaissance. D'autres disent que le Siège est l'emplacement des pieds. Il est rapporté que le Prophète a dit : «Son siège est l'emplacement de Ses pieds. Alors que Son trône, il ne peut être mesuré que par Dieu, le Puissant, le Transcendant. » A la question posée par Abu Dhar sur le Siège, le Prophète , rapporte-t-on, a dit: «Par Celui qui détient ma personne dans Sa main, les sept cieux et les sept terres ne sont par rapport au Siège qu'un anneau jeté dans une immense terre, la supériorité du Trône sur le Siège étant comme la supériorité de l'immense terre sur l'anneau. »




Le seg. dont la sauvegarde garde ne Lui coûte aucun labeur :

Dieu est Capable de tout. Tout est facile pour Lui. Il régit chaque chose, Il est le Subsistant à chaque âme. Il surveille, Il est le Riche , le Loué, l'Agent suprême, le Sublime, le Grandiose






Wa Allahu 'Alam
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9 janvier 2006 1 09 /01 /janvier /2006 22:24
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9 janvier 2006 1 09 /01 /janvier /2006 15:08
Les buts sublimes
dans
la sourate al-Fâtiha


par Ibn Qayyim al Jawziyya

extraits de Madarij al Salikin (les Sentiers des Itinérants)


(cliquer sur l'image de la sourate pour écouter la récitation de Cheykhuna Abdul Basit ra)



[1] Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.

[2] Louange à Allah, Seigneur de l'univers.

[3] Le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux,

[4] Maître du Jour de la rétribution.

[5] C'est Toi (Seul) que nous adorons, et c'est Toi (Seul) dont nous implorons secours.

[6] Guide-nous dans le droit chemin,

[7] le chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés.





Sache que la sourate al-Fâtiha (la Liminaire) renferme de la manière la plus parfaite les buts les plus sublimes. Ainsi, elle renferme la définition de Celui qui est adoré - qu'Il soit béni et exalté - au moyen de trois noms qui constituent la référence et le pivot des plus beaux noms divins et des qualités sublimes, à savoir Allâh (Dieu), al-Rab (le Seigneur) et al-Rahman (le Tout Miséricor­dieux).

De même cette sourate est fondée sur la divinité (al-ilâhiyya), la seigneurie (al-rubûbiyya) et la miséricorde (al-rahma).

En effet la première séquence du verset 5 : se fonde sur la divinité ; la deuxième de ce même verset :

< C'est à Toi que nous demandons l'assistance>

se fonde sur la seigneurie et la demande d'être guidé sur le chemin droit s'effectue grâce à la miséricorde. Ensuite la louange englobe ces trois aspects. Car Il est loué pour Sa divinité, Sa seigneurie et Sa miséricorde.

Mais cette sourate renferme également la confirmation de retour final, la rétribution des serviteurs selon leurs oeuvres qu'elles soient bonnes ou mauvaises, le pouvoir unique ce jour-là, qu'aura le Seigneur pour juger les créatures et le fait que Son jugement se fonde sur la justice et l'équité. Tout ceci se trouve dans le verset 4 de cette sourate :

< Le Roi du Jour du, jugement>

Il faut dire aussi que cette sourate renferme la confirmation des prophéties sous plusieurs rapports. Ainsi que les trois sortes du tawhîd (affirmation de l'unicité divine) autour desquelles s'accordent les Messagers de Dieu - que Dieu leur accorde la grâce et la paix.

La sourate al-Fâtiha comporte également deux formes de guérison : une guérison des coeurs et une guérison des corps.

S'agissant de la guérison des coeurs, elle la renferme parfaitement. En effet l'axe des maux qui affectent les coeurs tourne autour de deux principes : la dégénérescence du savoir et la dégénérescence du dessein, ce qui génère deux maladies mortelles, à savoir l'égarement et l'emportement.

En effet l'égarement est le résultat de la dégénérescence de la science et la colère est le résultat de la corruption du dessein. Ces deux maux constituent le pivot de tous les maux qui affectent les coeurs. Et c'est la guidance sur le droit chemin qui renferme la guérison de la maladie de l'égarement et de la perdition. C'est pourquoi la demande de cette guidance a été imposée sous forme d'invocation à chaque serviteur et a été rendue obligatoire tous les jours et les nuits à chaque prière en raison de son extrême besoin pour cette guidance recherchée.

Et il n'y a rien qui puisse remplacer cette demande de la guidance. En effet ce remède est composé de six éléments :

1) la sujétion à Dieu et à rien d'autre,

2) sur la base de Son ordre et de Sa loi,

3) non sur la base de la passion,

4) ni sur la base des opinions des hommes, de leurs situations, de leurs traces et de leurs idées,

5) en recourant à Son assistance pour L'adorer,

6) non en comptant sur les moyens propres du serviteur, sur sa force, sa puissance ou celles d'autrui.

Tels sont les éléments que renferme l'expression coranique :

< C'est Toi que nous adorons. C'est à Toi que nous demandons l'assistance>.

Lorsqu'ils sont composés par le médecin bienveillant qui connaît le mal et qu'ils sont utilisés par le malade, la guérison complète est assurée. Et si elle est partielle c'est en raison de la négligence d'un ou plusieurs de ces éléments.

Par ailleurs le coeur s'expose à deux maladies très graves. Si le serviteur ne se rattrape pas à temps ils risquent de causer sa perte. Ce sont la duplicité et l'orgueil.

Ainsi le remède de la duplicité réside dans < C'est Toi que nous adorons> et celui de l'orgueil dans < C'est à Toi que nous demandons l'assistance>. Du reste j'ai souvent entendu scheikh al-islâm ibn Taymiyya - que Dieu sanctifie son âme - répéter ceci : «L'expression < C'est Toi que nous adorons > chasse la duplicité et l'expression < C'est à Toi que demandons l'assistance > chasse l'orgueil ».

S'agissant de la guérison des corps, rappelons ce que rapporte la Sunna et ce qui est confirmé par les règles de l'art médical et par l'expérience.

En effet, il est rapporté dans le hadîth authentique d'après Abû l-Mutawakkil al-Nâjî et Sa'id al-Khudrî : « Un groupe de compa­gnons du Prophète passa près d'un bivouac d'une tribu arabe, mais les gens de ce campement ne les ont pas invités à manger chez eux. Sur ces faits, le chef de cette tribu fut mordu par un serpent. Les gens du campement vinrent voir les compagnons et leur demandèrent : "Avez-vous un remède ou y a-t-il parmi vous quelqu'un qui sait pratiquer l'incantation ?" Ils répondirent : "Certes, oui, mais vous avez oublié de nous inviter. Nous ne le ferons que si vous nous promettez une récompense". Ainsi ils leur promirent un certain nombre de brebis. Alors un homme de ce groupe se mit à réciter sur le chef de la tribu la sourate al-Fatiha (la Liminaire) et ce dernier se leva comme s'il n'avait rien. Nous nous sommes dit alors : "Ne nous empressons pas avant d'avoir revu le Prophète ". A notre retour nous lui rapportâmes ce qui était arrivé. Il nous dit : "Comment avez-vous su que c'est une incantation ? Mangez-les et gardez-moi ma part" ».

La sourate Liminaire embrasse toutes les significations du Coran: Le secret de la création, de l'ordre, des Livres et des lois révélés, de la rétribution et du châtiment se ramènent à ces deux séquences de la sourate Liminaire qui constitue le pivot de la servitude (al`ubudiyya) et de l'affirmation de l'unicité divine (al-tawhid).

En effet on a dit que Dieu a fait descendre cent quatre Livres révélés dont les significations sont condensées dans la Thora, les Evangiles et le Coran ; les significations de ceux-ci sont condensées dans le Coran ; celles du Coran sont condensées dans le Mufassal du Coran; à leur tour les significations du Mufassal sont condensées dans la Fatiha (la sourate Liminaire), dans le verset 5 de celle-ci :

< C'est Toi que nous adorons. C'est à Toi que nous implorons l'assistance.>

Il s'agit là de deux phrases partagées moitié moitié entre le Seigneur et Son serviteur : la part du Seigneur c'est : < C'est Toi que nous adorons> et celle du Serviteur c'est : < C'est à Toi que nous implorons l'assistance>.


Cela dit l'adoration (al- ibâda) réunit deux principes essentiels : l'extrême amour avec le maximum d'humilité et de soumission. Du reste, les arabes disent d'une voie qu'elle est mu'abbada, c'est-à-dire aplatie et rendue praticable. Et le mot arabe al-ta 'abbud signifie l'humilité et la soumission. Ainsi, lorsque tu aimes quelqu'un sans te soumettre à lui tu ne peux l'adorer, et si tu te soumets à lui sans amour tu ne l'adores pas non plus, puisque tu n'es pas un amant soumis.


Voilà pourquoi ceux qui nient que les serviteurs puissent aimer leur Seigneur nient en fait la réalité foncière de la condition servile de l'être créé (al-`ubûdiyya); et ceux qui nient le fait qu'Il puisse être leur Bien-Aimé nient le fait qu'Il soit un Dieu, même si par ailleurs, il le reconnaissent comme Seigneur des mondes et leur Créateur.


Voilà l'extrême limite de leur tawhîd (affirmation de l'unicité divine) qui est le tawhîd de la seigneurie, déjà reconnu par les arabes polythéistes de l'époque anté-islamique, conformément aux indications du Coran à ce sujet :

< Si tu leur demandes qui les a créés, ils disent : C'est Dieu >
(Coran : XLIII - 87) ;

< Si tu leur demandes : Qui a crée les cieux et la terre ? Ils diront : C'est Dieu! >
(Coran : XXXIX - 38) ;

< Dis : A qui donc appartiennent la terre et ceux qui s) trouvent ? Si seulement vous le saviez ? Ils diront : A Dieu ! ...Réponds : Eh quoi ? ... Ne vous en souviendrez-vous pas ? Dis : Qui est le Seigneur des sept cieux ? Le Seigneur du Trône immense ? Ils diront : C'est Dieu ! Dis : Ne Le craindrez-vous pas ? Dis : Qui tient en Sa main la royauté de toute chose ? Qui donc protège et n'a pas besoin de protection ? Si seulement vous le saviez ! Ils répondront : C'est Dieu ! ... Dis : Comment se fait-il que vous soyez ensorcelés? >
(Coran : XXIII - 84-89).

C'est une preuve contre eux qui atteste l'unicité de Sa divinité et qui montre qu'on ne doit pas adorer tout autre que Lui et qu'il n'y a pas d'autre créateur et d'autre Seigneur en dehors de Lui.

De même l'assistance réunit deux principes : la confiance en Dieu et le fait de compter sur Lui. En effet, il arrive à l'homme d'avoir confiance en un individu particulier parmi les hommes mais sans qu'il compte sur lui pour ses affaires malgré toute la confiance mise en lui parce qu'il peut se passer de lui. D'un autre côté il peut compter sur lui bien qu'il n'ait pas confiance en lui parce qu'il a besoin de lui et ne trouve pas celui qui pourrait le remplacer. Ainsi, il a besoin de s'appuyer sur cette personne bien qu'il n'ait pas confiance en elle.

Or le tawakkul (le fait de s'en remettre en toute confiance) comporte deux éléments de signification : la confiance et l'appui et il constitue la réalité même du verset 5 :

< C'est Toi que nous adorons. Et c'est à Toi que nous implorons l'assistance.>

Il faut savoir que ces deux principes, à savoir le tawakkul et l'adoration ont été évoqués dans plusieurs passages du Coran où ils sont souvent réunis, notamment dans les versets suivants :

< Le secours ne me vient que de Dieu. Je me confie à Lui et je reviens repentant vers Lui>
(Coran : XI - 88) ;

< Le mystère des cieux et de la terre appartient à Dieu. Toute chose revient à Lui. Adore-Le donc et confie-toi à Lui>
(Coran : XI - 123) ;

< Notre Seigneur ! Nous nous confions à Toi ! Nous revenons à Toi ! Vers Toi sera le retour .!>
(Coran : LX - 4) ;

< Invoque le nom de ton Seigneur; Consacre-toi totalement à Lui Il est Le Seigneur de l'Orient et de l'Occident : il n'y a de dieu que Lui. Prends-Le donc comme protecteur >
(Coran : LXX - 8-9) ;

< Dis : C'est Lui, mon Seigneur ! Il n'y a de dieu que Lui ! Je me confie à Lui ; vers Lui est mon retour>
(Coran : XIII - 30).

Voilà donc six passages du Coran où ces deux principes < C'est Toi que nous adorons, et c'est à Toi que nous implorons l'assistance> sont unis ensemble.

La réalisation grâce à < C'est Toi que nous adorons>.


Le serviteur ne peut se réaliser grâce à < C'est Toi que nous adorons> qu'en vertu de deux grands principes :


-le fait de suivre l'Envoyé de Dieu


-la sincérité envers Celui qui est adoré.


Les gens se divisent en vertu de ces deux principes en quatre catégories.

-La première catégorie : ce sont les gens de la sincérité et du suivisme envers Celui qui est adoré. Ce sont les vrais adeptes de < C'est Toi que nous adorons>. En effet tout chez eux est voué à Dieu : leurs oeuvres, leurs paroles, leurs dons, leurs retenues, leur amour et leur haine. Leur façon de traiter les autres est vouée intérieurement et extérieurement à Dieu seul. Ils ne veulent pour cela ni récompense, ni compliment de la part des gens, ni avoir une bonne réputation auprès d'eux, ni chercher leurs louanges, ni la considération dans leurs coeurs, ni fuir leur blâme.

C'est qu'ils considèrent les gens comme des habitants des tombes : ils ne peuvent leur apporter ni dommage, ni profit, ni mort, ni vie, ni résurrection. C'est dire qu'oeuvrer pour les gens, rechercher la réputation et la considération auprès d'eux et espérer qu'ils peuvent être utiles ou craindre qu'ils peuvent être nuisibles, ce sont autant d'attitudes qui ne peuvent provenir d'un homme qui connaît parfaitement les hommes mais d'un homme qui ignore tout d'eux et de son Seigneur. Car celui qui connaît les hommes les met à la place qui leur revient ; et celui qui connaît Dieu lui voue sincèrement ses oeuvres et ses paroles, ses dons et ses retenues, ce qu'il aime et ce qu'il déteste. C'est dire qu'aucun homme ne favorise le traitement des créatures par rapport à Dieu que s'il ignore Dieu et la réalité des créatures. Car s'il connaît Dieu et s'il connaît les hommes il accorderait sa préférence au traitement de Dieu au détriment de celui des hommes. De même toutes les oeuvres des gens de cette catégorie ainsi que toute leur dévotion sont conformes à l'ordre de Dieu, à ce qu'Il aime et à ce qu'Il agrée.

Voilà le seul genre d'oeuvre que Dieu accepte. Car II a éprouvé Ses serviteurs par la vie et la mort pour cela. En effet Dieu - qu'Il soit exalté - a dit :

< Celui qui a créé la vie et la mort pour vous éprouver et connaître ainsi celui d'entre vous qui agit le mieux>
(Coran : LXVII - 2).

Il a fait de tout ce qui se trouve sur la terre un ornement pour les éprouver et voir lequel d'entre eux possède la meilleure oeuvre.

Al­Fudhayl ibn `Iyâdh a dit : « La meilleure oeuvre est celle qui est la plus sincère et la plus juste ». On lui a demandé : « Comment ? » Il a répondu : « Lorsque l'oeuvre est sincère sans être juste elle n'est pas acceptée et lorsqu'elle est juste sans être sincère elle n'est pas acceptée non plus. Ceci jusqu'à ce qu'elle devienne sincère et juste à la fois. Or ce qui est sincère est ce qui est voué à Dieu, et ce qui est juste est ce qui est conforme à la Sunna ».

C'est ce qui est indiqué dans ces deux versets :

< Celui qui espère la rencontre de son Seigneur doit accomplir de bonnes actions et n'associer personne dans l'adoration de son Seigneur>
(Coran : XVIII - 110) ;

< Qui donc professe une meilleure Religion que celui qui se soumet à Dieu, celui qui fait le bien>
(Coran : IV - 125).

Ainsi, Dieu n'agrée, en matière d'oeuvres, que ce qui Lui est voué en toute sincérité et qui est conforme à Son ordre. Tout le reste est renvoyé à son auteur en miette et en poussière. Il est rapporté dans le hadîth authentique transmis par `Âisha - que Dieu soit satisfait d'elle - que le Prophète a dit : « Toute oeuvre dépourvue de conformité ne fait qu'éloigner son auteur de Dieu ». Car Dieu - qu'Il soit exalté - est adoré conformément à Son ordre et non pas selon les opinions et les passions.

- La deuxième catégorie : c'est la catégorie de celui qui n'a ni sincérité ni conformité. Son oeuvre n'est pas conforme à une loi révélée et elle n'est pas vouée sincèrement à Celui qui est adoré. C'est le cas des oeuvres de ceux qui veulent faire plaisir aux gens, uniquement par duplicité en adoptant ce qui n'est pas légalisé par Dieu et Son Messager . Il s'agit là des pires créatures, les plus méprisées par Dieu - qu'Il soit exalté et magnifié -. Elles sont largement concernées par cette parole divine :

< Ne crois pas que ceux qui se réjouissent de ce qu'ils ont fait et qui aiment être loués pour ce qu'ils n'ont pas fait, ne crois pas qu'ils soient à l'abri du chatiment. Un douloureux chatiment leur est réservé >
(Coran : III - 188).

Ils se réjouissent de ce qu'ils adoptent comme innovation blâmable, égarement et polythéisme et aiment être loués d'avoir suivi la Sunna et la sincérité. Les hommes de cette catégorie se recrutent surtout chez les faux savants, ascètes et dévots qui ont dévié par rapport au droit chemin. En effet, ils commettent toutes sortes d'innovations blâmables, d'égarements, de duplicités, de recherche de réputations et ils aiment qu'on les loue pour ce qu'ils n'ont pas fait, c'est-à-dire de s'être conformés à la Sunna, à la sincérité et à la science. Ce sont en fait des gens qui encourent le courroux divin et s'exposent à la perdition.

- La troisième catégorie : il s'agit de celui qui est sincère dans ses oeuvres mais celles-ci ne sont pas conformes à l'ordre. C'est le cas des ignorants parmi certains dévots et ascètes et tous ceux qui adorent Dieu sans respect pour Ses commandements, qui croient que leur dévotion constitue une forme de rapprochement de Dieu. C'est le cas aussi de celui qui croit qu'entendre les sifflements et les battements des mains constitue une forme de rapprochement, que la retraite au cours de laquelle il rate la prière en commun du Vendredi l'est aussi, que jeûner le jour et la nuit sans discontinuité l'est aussi et que jeûner le jour où tout le monde sans exception a rompu le jeûne l'est aussi.

- La quatrième catégorie : il s'agit de celui dont les oeuvres sont conformes à l'ordre mais elles ne sont pas vouées sincèrement à Dieu. C'est le cas des actes d'obéissance de ceux qui font preuve de duplicité, de l'homme qui combat par esprit du corps et pour qu'on dise qu'il est courageux, de celui qui effectue le pèlerinage pour qu'on dise que c'est un hâj (pèlerin), de celui qui lit le Coran pour qu'on dise que c'est un lecteur. Les oeuvres de tous ces gens sont extérieurement des oeuvres pies et recommandées mais, en réalité, elles sont vaines puisqu'elles ne sont pas agréées :

< On leur avait seulement ordonné d'adorer Dieu comme de vrais croyants qui Lui rendent un culte pur >.
(Coran : XCVIII - 5).
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